Aujourd’hui, je vous convie dans deux pays traversés par les Andes : le Pérou et la Bolivie. Du point de vue de leur patrimoine culturel, ces deux destinations ont beaucoup de traditions en commun, dont le recours au chaman, l’utilisation de la feuille de coca et la façon de construire les habitations. Découvrez ces deux pays qui nous plongent au cœur de traditions millénaires encore très vivantes !
Le chaman est considéré à la fois comme un guérisseur, un sage, un conseiller et même un voyant. C’est une personne très respectée et les gens se déplacent parfois de loin pour le consulter.
Dans les petites communautés des Andes, lorsque les habitants sont malades, ils ont d’abord recours à la médecine traditionnelle à l’aide de plantes et d’herbes médicinales. Dans le cas où leur état ne s’améliore pas, ils se tournent alors vers le chaman en qui ils accordent une confiance absolue. C’est seulement s’ils sont toujours très malades que les gens décideront de se rendre à l’hôpital.
Les rituels et les pratiques des chamans diffèrent d’une région à l’autre du globe, mais le principe reste le même : la communion avec la nature, l’univers et les esprits. Pour être témoins d’une tradition bien ancrée dans la population andine, rendez-vous sur un site protégé chargé d’énergie et entouré de montagnes, dans la région de Cuzco au Pérou. Afin de donner le coup d’envoi à la cérémonie, le chaman présente des offrandes à la Pachamama, la Terre nourricière ou la Terre mère. Ces offrandes prennent la forme de feuilles de coca, de fleurs, de plantes ou d’un objet symbolique pour le ou les participants. La chicha est l’une des offrandes dédiées à la Pachamama; c’est une boisson à base de maïs fermenté dont la consommation est très élevée au cours des fêtes célébrées dans les pays andins.
Après les offrandes, le chaman nous demande de formuler secrètement un souhait que nous voudrions voir se réaliser. Ensuite, chacun notre tour, nous approchons de lui en nous tenant par les mains et il récite des incantations qui s’adressent surtout aux Apus, les montagnes sacrées aux forces invisibles afin que notre souhait soit entendu. D’ailleurs, je n’ai pas oublié ce moment marquant et j’espère toujours un amoureux. Blague à part, je me considère privilégiée d’avoir pu vivre ce rituel qui démontre l’importance et la profondeur des croyances des habitants. Nous ne faisons pas qu’assister à la cérémonie, nous y participons activement !
Comme le mentionne l’extrait de l’article 384 de la Constitution bolivienne, incorporé en 2009 : « À son état naturel, la coca n’est pas un narcotique ». Des 14 alcaloïdes naturels contenus dans la feuille de coca fraîche, l’un s’appelle cocaïne; sa concentration est de 0,2 à 1,5 %. C’est cet alcaloïde qui constitue la base de la cocaïne. Celle-ci étant obtenue après une série de traitements et l’ajout d’un grand nombre de substances chimiques.
Les feuilles de coca sont en vente libre sur tous les marchés au Pérou et en Bolivie. Elles sont au cœur même de la culture andine et l’utilisation de ces dernières fait partie des traditions ancestrales millénaires. Les civilisations précolombiennes avaient décelé les vertus thérapeutiques des feuilles du cocaïer, un arbuste à fleurs blanches qui pousse, entre autres, entre 700 et 1 800 mètres d’altitude dans les Yungas en Bolivie. Ses principales propriétés sont d’apaiser la soif et la faim en plus d’atténuer la fatigue et certains effets de l’altitude, dont les maux de tête et les nausées qui peuvent incommoder les touristes. Les feuilles contiennent des vitamines (thiamine, riboflavine) et des minéraux (calcium, phosphore et fer).
À notre arrivée à Cuzco, au Pérou, nous avons eu la chance de goûter à une infusion de feuilles de coca appelée mate de coca. Cependant, si nous voulons respecter la tradition et faire comme les locaux, nous devons mettre les feuilles dans notre bouche, sans les mastiquer, et avaler le mélange de salive et de sucs produits par ces dernières. Les effets bénéfiques sont alors multipliés. Mais attention ! Ce stimulant peut nuire au sommeil chez certaines personnes.
À la campagne et dans les villages des Andes, l’habitat traditionnel est encore construit en adobe, soit un mélange d’argile et de sable auquel de la paille, et parfois du crin de cheval, sont ajoutés pour éviter qu’il craque en séchant. Ce mélange est moulé en forme de briques ensuite mises à sécher au soleil. Ce matériau de construction écologique et très économique a la propriété de conserver la fraîcheur en été et la chaleur en hiver. Pour ce qui est du toit, il est constitué de tuiles de terre cuite, bien que celles-ci soient de plus en plus remplacées par de la tôle ondulée. Au bord du lac Titicaca, côté Pérou, nous dégustons un dîner typique dans la maison de Felix, une habitation construite en adobe.
Vous constaterez que la culture latino-américaine est un sujet très vaste. Une vingtaine de pays composent l’Amérique latine et chacun d’entre eux se distingue par leurs traits culturels et leurs groupes ethniques. Cependant, la plupart de ces pays ont une langue commune, l’espagnol. Il y a tant de traditions et de peuples à découvrir sur notre propre continent. Profitons-en !