Au-delà de la Méditerranée, au-delà du Bosphore, presque fermée et si lointaine, la mer Noire nous fascine. Que ce soit par son nom équivoque qui peut nous laisser perplexes, par son histoire géologique mystérieuse et mythique, par ses pays côtiers limitrophes qui vivent dans des mondes différents, par ses rivages aux allures à la fois de stations balnéaires et de ports achalandés, par son enjeu géopolitique tant convoité et à la merci des vents et marées, elle a tout pour nous confondre dans notre désir de vouloir la connaître et s’y intéresser. Néanmoins carrefour de cultures et civilisations entre l’Orient et l’Occident, la région de la mer Noire demeure un coin de la planète unique à découvrir.
Plusieurs scénarios nous expliquent l’origine de son toponyme. La raison étymologique nous indique qu’à la Grèce antique, elle avait été nommée par les Grecs « Pontos-Euxeinos » ce qui veut dire « large mer amicale », d’où Pont-Euxin en français. La raison scientifique quant à elle, nous précise que cette mer couleur d’encre puise son nom dans ses profondeurs abyssales où son taux élevé de sulfure d’hydrogène apporte un effet noircissant et permet aux bois, cuirs et tissus d’être préservés de l’action bactérienne. On appelle ce phénomène, qui représente une mine d’or pour les chercheurs d’épaves, Euxinisme. Toutefois, la raison historique semble la plus plausible. Elle nous révèle que son nom lui fut octroyé par des navigateurs turcs ottomans qui attribuaient des noms de couleurs aux points cardinaux; noir pour le nord, bleu pour l’ouest, blanc pour le sud et vert pour l’est. Cette mer au nord de la Turquie fut donc désignée comme la couleur de leur boussole.
Parfois la géologie rejoint l’histoire et même les mythes. Il faut remonter à près de 8000 ans alors que la mer Noire n’était encore qu’un lac d’eau douce alimenté principalement par le Danube avec des rives propices à l’agriculture. À l’ère de la déglaciation, lorsque les glaciers se mirent à fondre, l’eau de la mer Méditerranée s’engouffre dans la mer de Marmara puis se déverse dans le chenal du Bosphore provoquant une augmentation du niveau de l’eau fulgurante. La vitesse à laquelle cette remontée s’effectue est effarante. Le niveau de la mer augmente de 100 mètres en 30 ans. Les zones littorales reculent tout aussi rapidement, ce qui correspond à la migration des peuples vers le nord et l’ouest. Ce qui fait dire à plusieurs que le déluge raconté dans de nombreux écrits mésopotamiens ne relève peut-être pas entièrement de la fiction.
Puisque jusqu’en 1990, les pays en place étaient alors des régimes communistes et/ou sous influence soviétique, il faudra attendre la démocratisation de ces contrées pour qu’elles puissent nous accueillir. Tout au long de l’histoire de la mer Noire, les pays transitant par celle-ci ont dû accepter d’importants investissements à travers des contrées instables qui cherchaient à valoriser leur rôle de transit. Comme l’importance stratégique dépasse largement les 6 pays riverains et en raison du commerce du pétrole qui subsiste toujours comme enjeu inéluctable, tout ne baigne pas toujours dans l’huile dirais-je. Et l’Union européenne de concert avec l’OTAN aura le défi de mettre en œuvre un projet géopolitique de cogestion pour la région.
Avec 6 pays qui occupent ses rives, la mer Noire demeure un terrain de jeu pour les curieux qui s’y aventurent et qui sont avides de nouveaux horizons !
Traversée par le Bosphore, la ville d’Istanbul, autrefois appelée Constantinople, se cantonne au carrefour stratégique de l’Europe et de l’Asie. Ayant en tête la magie des mille et une nuits, vous découvrirez cette ville fascinante qui a conservé de son passé un héritage majestueux avec un pied dans l’histoire et l’autre dans la modernité. Certains incontournables vous tendent les bras, dont la basilique Sainte-Sophie, qui fut au cours de l’histoire à la fois église, mosquée et musée avec ses mosaïques chrétiennes et ses lustres qui semblent flotter; la Mosquée bleue unique par sa taille et ses vitraux; le Grand bazar qui s’échelonne sur une soixantaine de rues avec son bain de foule assuré et bien sûr les rives du Bosphore, là où se mirent de part et d’autre deux continents au son des chants ancestraux des muezzins entrecoupés de klaxons et de sonneries de cellulaires ou peut-être bien l’inverse.
Varna est une petite ville qui possède de nombreux attraits. Bourrée de charme, elle est considérée comme la plus jolie de la région. On déambule dans la rue piétonne qui part de l’Opéra, avec son architecture slave de la fin du 19e siècle, et on se rend jusqu’à la plage de sable blanc en passant devant une petite église orthodoxe pourvue d’un superbe retable. L’imposante cathédrale Dormition attirera également votre attention avec ses énormes bulbes dorés. Varna est aussi une station balnéaire très prisée des Bulgares, mais le principal lieu de curiosité se trouve sur le prestigieux site archéologique de la nécropole de Varna. On peut y voir des artéfacts, dont des objets d’or les plus anciens jamais découverts à ce jour (4600-4200 ans av. J.-C.). Pour ceux qui se trouvaient vieux, voilà de quoi dormir l’esprit tranquille…
Constanta est la plus ancienne ville de Roumanie constamment habitée depuis l’époque romaine. C’est aussi le port le plus important du pays de même qu’une très ancienne station balnéaire avec la plage de Mamaia ainsi que les ruines d’un casino que l’on dit petit cousin de Monte-Carlo, où les nobles avaient l’habitude de se rencontrer. La ville possède aussi quelques vestiges grecs et romains, témoins des civilisations qui appréciaient le doux climat de la future station balnéaire. D’autres points d’attrait; la place Ovide avec sa statue en hommage au poète du même nom qui vécut à Constanta, le musée d’art populaire roumain spécialisé dans les vêtements traditionnels, costumes et meubles où on peut en apprendre plus sur le mode de vie et les habitudes de la nation depuis ses débuts.
Bref, la mer Noire est un enchevêtrement de contrastes, tout comme ce qui distingue le blanc et le noir. Toutefois, cette mer pourvue de deux courants marins distincts, à peine salée, sait faire son propre cinéma. De Potemkine à 007, elle a toujours su attirer l’attention. Et tel Kéraban le têtu de Jules Verne, peut-être aurez-vous envie d’en faire le tour, non pas comme le personnage du célèbre romancier pour épargner le prix d’un ticket de traversier, mais bien pour en découvrir ses infinis secrets.
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