La vie de château a toujours fasciné avec son côté à la fois mystérieux, mythique et envoûtant. Notre imaginaire fait jaillir une fontaine d’images, plus ou moins romancées, de la grandiloquence de la vie qui pouvait s’y dérouler. Dans le Val de Loire, on en compte plus ou moins 3 000, tous regroupés sur les bords du sillon de La Loire ou de ses affluents, ce qui en fait l’endroit avec la densité de monuments royaux la plus intense de la planète. Pas étonnant ainsi que cette région de la France soit inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces châteaux peuvent vous sembler presque tous identiques avec leur construction ou leurs remaniements datant du 15e ou 16e siècle. Pourtant, si vous croyez qu’après en avoir visité un, vous les avez tous vus, détrompez-vous ! Ils répondent aux nouvelles règles d’art de vivre que la Renaissance invoque et chacun y répond de son caractère exceptionnel. Après tout, cette vallée est le « pays de la douceur de vivre ». Voyons les plus beaux atours de certains de ces châteaux débordants de personnalité.
Le plus célèbre, le plus grand et le plus majestueux de tous, est sans contredit le château de Chambord. Il est le symbole d’un souverain passionné d’arts et de lettres. Érigé dans les terres marécageuses à la demande de François 1er, avec ses 5440 hectares de boisé, le domaine de Chambord est un parc équivalent à la superficie de Paris. Même si l’identité de son architecte reste inconnue, plusieurs indices laissent croire que le génie de Léonard de Vinci plane au-dessus de l’œuvre à en croire, par exemple, le célèbre escalier à double révolution, où une personne peut monter et une autre descendre sans jamais se croiser. Le roi ne voulait lésiner en rien sur l’étendue de son prestige, car dans les faits, il n’y restera que 50 jours. Il faut dire qu’à la Renaissance, la cour se promène de château en château comme une caravane. La démesure de l’édifice avec ses 77 escaliers, 282 cheminées et 426 pièces, dont 60 en visite libre, sert davantage à immortaliser son constructeur. On retrouve son emblème; la salamandre, sculptée plus de 300 fois à travers le château. C’est Louis XIV qui terminera les travaux près de 150 années plus tard. Il comprendra le symbole que représente Chambord qui est « la manifestation du pouvoir royal dans la pierre et dans le temps ».
À la Renaissance, il était de bon ton d’inviter des artistes en résidence afin de magnifier cet art de vivre tant vénéré. François 1er, passionné par le talent de Léonard de Vinci, l’invite à la cour à titre de « Premier peintre, ingénieur et architecte du roi ». Selon les archives, le maître a travaillé pour le roi pour la somme de « 2000 écus soleil ». Entouré de ses élèves, il s’adonnait à divers travaux au château Clos Lucé qui est relié directement au château royal d’Amboise par un chemin souterrain. Il y restera jusqu’à sa mort, le 2 mai 1519. Par le fait même, la Joconde, tableau qu'il a remis cent fois sur le chevalet, fera partie de la collection royale pour aujourd’hui être conviée à sourire au public du Louvre. Située sur les rives de la Loire, au haut de la colline, l’ancienne résidence de l’illustre invité vous convie maintenant dans l’univers créatif du maître. Les pièces du château vous permettront d’imaginer l’artiste au quotidien tandis que le musée interactif en plein air, donne lieu à la découverte et à l’admiration des fruits du génie qu’était Léonard le peintre, Léonard l’ingénieur, Léonard le visionnaire et Léonard l’architecte. Très respectueux de la nature, en réponse à la demande de la source de son génie, il se plaisait à dire : « Tout est là ! La nature est pleine de causes infinies, que l’expérience n’a jamais démontrées ».
Tout au long de son histoire, ce château a été bâti, restauré, embelli, administré et protégé par toute une succession de femmes de tête et de cœur qui l’ont occupé tour à tour. Diane de Poitiers favorite d’Henri II, Catherine de Médicis épouse d’Henri II (eh oui, histoire intéressante à lire entre la favorite et l’épouse…), Louise de Lorraine épouse d’Henri III, Louise Dupin dame des lumières du 18e siècle… toutes des dames d’exception que l’on retrouve dans les livres d’histoire. Ce château se distingue par sa série de cinq arches couronnées d’une galerie à deux étages qui enjambe le Cher. Avec élégance, comme une grande dame, il se reflète dans les eaux tranquilles tel un miroir ce qui lui donne l’impression de flotter hors de l’eau. De plus, le reflet des arches en multiplie la prestance. Il possède également une collection très impressionnante de mobilier, tapisseries et peintures. Au cœur d’un écrin de verdure, les splendides jardins qui l’entourent sont restés fidèles à leur structure originale depuis leur création.
Il fut construit par François II, dernier duc de Bretagne, et sa fille Anne de Bretagne, deux fois reine de France. Pour la petite histoire, en raison des mariages stratégiques répandus à l’époque, la bonne duchesse a dû placer ses sabots afin de préserver « les libertés du peuple de Bretagne ». Son premier époux, Charles VIII, mourut brutalement après avoir été heurté à la tête sur un linteau de porte en pierre au château d’Amboise, le seul moyen d’avoir un héritier était d’épouser le successeur au trône, ce qu’elle fit. Le château des ducs de Bretagne est érigé dans le vieux quartier médiéval au cœur de la ville de Nantes. Il porte essentiellement un rôle militaire et défensif. Stratégiquement, il est une porte océane de la région à partir de la Loire. Région qui voit croître le développement de son grand port en raison du commerce colonial qui prend son extension à cette époque. Il est aussi la porte d’entrée de la Bretagne, qui est alors un duché très convoité disputé entre la France et l’Angleterre, qui s’annexera finalement à la France avec « l’édit d’union de Nantes », de 1532. Aujourd’hui, il abrite le fascinant musée d’histoire de Nantes qui raconte cinq siècles d’histoire de la ville et de la région.
Après que Jeanne d’Arc y ait été bénie en 1429, le château de Blois devient la résidence favorite des rois à la Renaissance. Sept rois et dix reines y laisseront leurs empreintes, jusqu’à ce que Versailles le plonge presque dans l’oubli. Il deviendra alors une bibliothèque nationale ainsi que la pouponnière royale où seront éduqués les enfants royaux jusqu’à Catherine de Médicis. Riche de son architecture unique, vous pourrez y admirer d’un simple balayage du regard d’une aile à l’autre, les quatre grands courants de l’architecture française allant du Moyen Âge à l’époque classique. Avec ses fenêtres ouvertures sur la cour et ses ornementations, l’escalier monumental en colimaçon est devenu le fleuron d’une époque où il n’est plus qu’un simple élément fonctionnel, mais bien un ajout esthétique majeur.
On le visite pour ses jardins et il faut rejoindre la terrasse du donjon, dernier vestige de l’époque médiévale du château, pour apprécier toute la splendeur et les couleurs de ses différents espaces verts aux vocations très spécifiques. En tout, c’est 52 km de jardins qui se succèdent : le jardin de musique, le jardin d’ornements, le jardin du soleil, le labyrinthe, le jardin d’eau et le potager. Ils sont tous chouchoutés à la main et ils transforment tout simplement l’art végétal en œuvre d’art. Le potager décoratif est particulièrement spectaculaire avec ses multiples choux; verts au cœur rose, mauves frisés de vert, ses poireaux bleutés, etc. La plantation des légumes est étudiée de manière à donner l’illusion de motifs surprenants tels des damiers multicolores. De quoi trouver enquiquinant votre petit carré de tomates à la maison !
Plusieurs châteaux ont aussi été construits dans une perspective de plaisir et de loisir. C’est le cas de Cheverny, pavillon de chasse par excellence. La particularité de ce château réside dans son parc où on découvre les vestiges d’un sport alors très apprécié; la chasse à courre. Dans le château d’eau se trouve une salle des trophées où les bois de 2000 cerfs sont exposés. Le clou du spectacle est un ensemble de 10 impressionnants et prestigieux vitraux évoquant les différentes étapes de la chasse à courre à l’image d’une bande dessinée de vitre aux dimensions étonnantes. Tout près, se trouve également un chenil qui abrite une meute d’environ 100 chiens de chasse racés. Autre détail, non moins intéressant, puisque l’on parle de bandes dessinées, le château de Cheverny a servi de modèle à Hergé, lorsqu’il a créé le château de Moulinsart en retirant tout simplement les deux pavillons latéraux. « Tonnerre de Brest ! »
Et encore… Ces châteaux sont d’une richesse infinie et des milliers d’autres sont aussi témoins privilégiés de l’histoire et des gens de l’époque. Leurs murs ont gardé l’empreinte des plaisirs non coupables de la remise à l’honneur de la littérature, des arts et des sciences qu’implique le concept de la Renaissance. Les découvrir, c’est entrer dans un monde où votre curiosité se nourrit inlassablement de toute cette bataille de richesses et d’innovations pour le pouvoir royal. Lors d'un voyage en France, laissez-vous imprégner par chacun des détails, aussi perfectibles qu’ils soient, de cette monarchie qui a façonné la culture de tout un peuple. Car comme le disait si bien Léonard de Vinci : « Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail. »
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