Plusieurs pays méconnus passent incognito dans notre « to do list » de destinations à voir. Pourtant, certains comme la Roumanie, méritent que l’on s’y attarde. La plupart d’entre nous n’en connaissent que Nadia Comaneci, cette extraordinaire gymnaste. La Roumanie s’est souvent sentie isolée au fil du temps. Elle est encerclée d’un monde slave malgré ses sources latines de par sa langue et sa religion. Son histoire n’est pas sans repos : elle est ponctuée de périodes de prospérité qui ont jonglé avec plusieurs autres plus austères. Néanmoins, cette destination européenne, un peu plus marginale, vaut le détour. Marquée par une ancienne civilisation pastorale, la Roumanie saura vous charmer avec ses paysages uniques issus de ses montagnes des Carpates emmitouflées dans le brouillard, sa Transylvanie ouvrée de ses villages médiévaux, ses châteaux et sa légende de Dracula qui pique la curiosité de tous, son ondoyant Danube qui sert de frontière avant de plonger dans la mer Noire au-delà de son impressionnant delta, ses vallées boisées et sa vie rurale au cœur des traditions et bien sûr sa pétillante capitale Bucarest.
Dominée par cette chaîne de montagnes qui dessinent un grand arc au centre du pays, la Roumanie offre un casse-tête de paysages bucoliques. Ses vastes forêts sauvages sont pourvues d’ours, loups, lynx et sangliers. On comprend pourquoi le Prince de Galles s’y est d’ailleurs acheté une résidence pour en faire son lieu de prédilection pour la chasse.
On y retrouve également l’une des routes les plus mythiques du monde ; la Transfagarasan. Incontournable pour les passionnés d’automobile et sinueuse à souhait, elle louvoie au cœur de paysages époustouflants. L’incroyable Transfagarasan relie la Transylvanie à la Valachie sur une centaine de kilomètres.
La Transylvanie (qui signifie au-delà des forêts) est cette région au centre de la Roumanie qui conjugue vallées boisées, villages médiévaux et châteaux.
Un chapelet de ces charmants villages médiévaux vous ramènera dans une autre époque. Au cœur de ceux-ci, les églises et les citadelles sont presque toujours fortifiées afin de permettre de se protéger et se reconstruire plus aisément après la visite de l’ennemi.
- Curtea de Arges : On peut y voir l’une des constructions les plus célèbres de Roumanie ; le monastère de Cuearta de Arges. Il est doté d’une architecture phénoménale où reposent les premiers rois de Roumanie.La Roumanie est réputée pour ses impressionnants châteaux. Ils sont riches en histoire et souvent bien nichés dans une nature somptueuse.
D’abord, voyons le magnifique château royal de Peles. Situé à 900 mètres d’altitude, il a été construit au 19e siècle par le roi Carol 1er à titre de résidence d’été. On dirait d’ailleurs qu’il s’agit d’un impressionnant hôtel alpin. Toujours en excellent état, on pourrait croire qu’il attend le retour des premiers propriétaires. Il regorge de milliers d’objets provenant des quatre coins du monde ce qui en fait un musée intéressant.
Le château des Corvin est une construction gothique du 15e siècle. De l’extérieur, il est si majestueux avec ses tours très caractéristiques, qu’on le dirait tout droit sorti d’un conte de fées. Toutefois sa lugubre histoire et les chambres de torture qui s’y retrouvent, lui ont donné à juste titre la réputation d’un lieu terrifiant.
Le dernier dont je ferai mention est probablement le plus célèbre : le château de Bran. On l’a associé à Dracula en raison de la description qu’en avait faite l’écrivain Stoker. À lui seul, il nourrit l’imaginaire collectif avec son emplacement, ses tours pointues, ses couloirs étroits, ses escaliers abrupts et ses salles sombres. Mais rappelons qu’il fut autrefois la demeure royale de la reine Marie de Roumanie. D’ailleurs, il appartient toujours à sa descendance.
Dans les ruelles médiévales de Sighisoara, vous rencontrerez Dracula à tous les coins de rue : affiches, t-shirts, menus thématiques dans les restaurants et même des serveurs en costume de vampire. Toute la mise en scène est en place afin de perdurer la légende. Vlad Dracul aurait vécu dans une maison de la place centrale au 15e siècle qui est aujourd’hui un restaurant. « Dracul » signifie diable ou dragon en roumain. Il s’appelait ainsi puisqu’il faisait partie de l’ordre des Dragons. Héros de la résistance antiturque certes, il avait une fâcheuse habitude qui consistait à empaler ses victimes, ce qui lui aura valu un second surnom « Tepes » ou « l’Empaleur ». Sa violence dépassant l’imaginaire, il fut décapité par le peuple. Fin de l’histoire.
Maintenant, place à la légende tout droit sortie de l’imaginaire de l’écrivain irlandais Bram Stoker (1897) qui redonna vie à ce comte sanguinaire en lui donnant les traits d’un être mi-homme, mi-vampire. Le comte Dracula était né. De grands cinéastes reprirent l’idée et l’utilisèrent au point qu’aujourd’hui, qui aurait cru que cela devienne un genre littéraire si populaire auprès de nos adolescents.
Le Danube fait office de frontière naturelle entre la Roumanie et la Serbie. Ses gorges qui se resserrent aux Portes de Fer permettent d’admirer un imposant défilé de falaises étroites. Cette portion du Danube est zonée internationale depuis 1878. Il y a de ces endroits où seule la voie des eaux peut rendre justice à la beauté des lieux, par exemple ce magnifique passage mythique si délicieux en croisière fluviale.
Le puissant Danube se divise ensuite en de nombreux méandres (après une course de 2800 kilomètres à travers l’Europe) et traverse les vastes marécages du Delta avant de se déverser dans la mer Noire. Placé sous la protection environnementale internationale, le delta du Danube est une réserve protégée pour les espèces de flore et de faune qui s’y trouvent en grand nombre. Pour les ornithologues, c’est un paradis ; une volière de millions d’oiseaux.
Brise chaude, sable fin, ciel bleu, les berges roumaines de la mer Noire n’ont rien à envier aux autres stations balnéaires. La ville de Constanta, station balnéaire très prisée, offre aux Roumains et à qui le veut bien, les trois « s » tant convoités ; Sun-Sea-Sand. L'emblématique casino de Constanta est le symbole incontesté de l’endroit. Même en ruine, il reste une curiosité et son architecture particulière mérite une photo. L’endroit est le plus multiculturel de toute la Roumanie.
En partie en raison de sa situation géographique ainsi que de sa longue histoire tumultueuse, la culture de la Roumanie se caractérise par un mélange d’influences issu de la cohabitation de trois groupes ethniques pendant près d’un millénaire. La campagne et l’agriculture sont encore très présentes et l’architecture rurale que l’on peut y voir est unique. L’artisanat populaire est riche de broderies et tissages. Les œufs qu’ils peignent pour la fête de Pâques sont recouverts de dessins qui sont carrément des œuvres d’art. Lors des fêtes, chaque région possède son costume, ses danses que vous pourrez exécuter bras dessus, bras dessous au son des Tarafs, ces ensembles musicaux uniques qui sont composés d’un violoniste, d’un accordéon ou d’une flûte turque (nai) et d’une cobza (luth).
Parmi les artistes contemporains reconnus, on retrouve le dramaturge Eugene Ionesco et le compositeur et pianiste Bela Bartok. La flûte de pan eut également un représentant de taille dans les années 60-70 avec Gheorghe Zamfir. Vous vous souvenez, n’est-ce pas ?
Cette ville vous réserve de belles surprises. Surnommée « le Petit Paris des années 1930 », les passionnés d’architecture verront dans son patrimoine qui se situe entre art nouveau, néo-classique et style soviétique, plusieurs incontournables. D’abord, le palais du Parlement, il faut le voir pour le croire. Son gigantisme se compare à la taille du Taj Mahal ou encore celle du Pentagone. Difficile de savoir si ce colosse moderne résulte d’une folie de grandeur d’une dictature ou bien d’une exhibition de l’étalage du savoir-faire et des matériaux roumains. L’arche de Triomphe (oui oui…), l’Athénée roumain, l’église Stavropoleos sont aussi à visiter. Et pourquoi ne pas déambuler dans le quartier Lipscani pour un goulash, un café et quelques mots de roumain.
Aujourd’hui, en Roumanie, bien que les vieilles tours ne servent plus à défendre les citadelles, elles restent toutefois le symbole du charme médiéval qui marque le pays. Un pays qui a connu des moments d’histoire terribles, mais qui a survécu au-delà de tout cela pour se joindre à l’Union européenne en 2007. Elle saura certainement intéresser non seulement nos ados (à crocs oups !) accros aux histoires de vampires, mais aussi tous les voyageurs imbus d’histoire, de diversité culturelle et d’un brin de marginalité.
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