Découverte Récit de voyage Amérique Canada Québec
Lorsque je pense à la Côte-Nord, il y a toujours ce même mot qui me vient à l’esprit : étonnement. Car c’est bel et bien une folle succession d’émotions liées à l’émerveillement et à l’étonnement que j’ai ressenties en longeant la route 138 et que je ressens encore aujourd’hui lorsque je pense à cette fabuleuse région du Québec. Jamais je n’aurais cru que j’allais être autant charmée de tant de beautés vastes et naturelles et surprise de tant de découvertes !
Certes, il y a le très populaire village de Tadoussac et ses environs où il faut assurément s’attarder pour aller à la rencontre des rorquals et des bélugas et approfondir leur univers fascinant. Une visite du Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM) s’impose pour mieux comprendre les comportements des baleines ainsi qu’au Centre d’interprétation et d’observation de Cap-de-Bon-Désir non loin. C’est un endroit exceptionnel bordant l’estuaire où depuis de gros rochers on peut observer régulièrement et aisément les cétacés. Mais beaucoup trop souvent, le périple se termine là, aux portes d’un univers majestueux. Au-delà se déploie un immense territoire où le bleu du Saint-Laurent se marie avec le vert de la forêt boréale constamment. Une région dont la beauté sauvage, les cultures et les trésors gourmands aux saveurs boréales et maritimes ne peuvent laisser quiconque indifférent !
Il faut donc absolument continuer à s’emplir les narines d’air salin, faire halte au charmant village des Escoumins et aller se sustenter de poissons ou de fruits de mer à la généreuse poissonnerie Manicouagan Les Escoumins. Derrière cette populaire poissonnerie, débute le sentier des Moulins qui longe la rive ouest de la baie et qui mène, un kilomètre tout au plus, jusqu’au quai du traversier. Là aussi, il s’agit d’un site privilégié où j’ai pu observer depuis la berge les géants du fleuve.
Un peu avant Baie-Comeau, un petit chemin de bord de fleuve mène à l’entrée d’un surprenant parc. Arrêt incontournable, le parc Nature de la Pointe-aux-Outardes est tout simplement merveilleux ! C’est d’abord la plage de la Baie Saint-Ludger qui charme par la qualité de son sable blond et surprend de par sa largeur. Avec celles des Îles-de-la-Madeleine, il s’agit sans doute d’une de mes plages québécoises préférées avec ses vastes et douces battures et la surprenante température de son eau. En été, elle culmine parfois étonnamment jusqu’à 26 degrés Celsius !
Neuf écosystèmes distincts occupent toute la pointe ouest de la péninsule Manicouagan sur seulement deux kilomètres carrés, de la forêt boréale typique à une pinède de pins rouges, en passant par un marais, une tourbière, jusqu’aux dunes, notamment. C’est aussi un endroit de prédilection pour les oiseaux : un jardin d’oiseaux naturel est aménagé en privilégiant différentes plantes qui attirent une pléthore d’espèces dont, entre autres, des colibris, des chardonnerets et des sizerins. Ce n’est pas moins de 255 espèces d’oiseaux qu’il est possible d’observer en période de migration ! Une partie du parc est aussi consacrée à l’interprétation de la culture innue, le territoire ayant longtemps été utilisé pour la chasse par ce peuple. Auprès d’un guide, j’ai pu découvrir l’univers du trappage traditionnel, décortiquer l’utilité des différentes peaux d’animaux et m’initier au repas traditionnel. J’ai encore en mémoire ce goût de la bannique chaude, ce pain plat sans levain que préparaient les Premières Nations et les coureurs des bois à leur suite.
[NDLR: prenez note que le jardin des Glaciers de Baie-Comeau est dorénavant fermé]
La visite du jardin des Glaciers à Baie-Comeau constitue une autre surprise de taille. Aménagée dans une ancienne église, cette station permet de découvrir comment la formation de la dernière glaciation et sa fonte ont sculpté le paysage québécois. Le parcours multimédia est passionnant, mais ce qui m’a complètement surprise c’est de découvrir à une quinzaine de kilomètres du musée un phénomène unique au monde… La réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka abrite une curieuse vallée où se trouve deux bancs coquillers : l’un atteint quinze mètres de hauteur et le second, formé d’un amphithéâtre naturel, est composé à 90 % de coquillages d'au moins 8000 ans ! Impossible de s'imaginer lorsqu'on se dirige vers ce site géologique postglaciaire qu'on y trouvera des dizaines de milliers de coquillages en pleine forêt, encore moins aussi loin du fleuve.
À Sept-Îles, une excursion au travers des îles s’impose. Depuis quelques années, sur l’île de la Grosse Boule, un charmant couple se consacre à l’élevage d’algues, de moules bleues et de pétoncles. Un arrêt sur l’Île Grande Basque permet aussi d’approfondir les richesses du Saint-Laurent. Lors de mon passage, des plongeurs avaient déniché une gigantesque et fascinante étoile de mer polaire que nous avons pu admirer et même toucher avant qu’ils la remettent à l’eau. Jamais je n’aurais cru que de tels spécimens se trouvaient à même notre fleuve !
Et puis, il y a Havre-Saint-Pierre où j’ai eu la chance de déguster un repas de fruits de mer mémorable Chez Julie ! Un véritable festin de homard et de pétoncles avant d’aller explorer l’Archipel-de-Mingan, assurément l’un des plus beaux parcs du pays. Cet archipel il y a longtemps que j’en rêvais. Encore aujourd’hui, il demeure l’un de mes plus grands coups de cœur au Québec avec ses fascinants monolithes sculptant le paysage. Comment ne pas être ébloui par cette trentaine d’îles et ce millier de cayes et d’îlots qui ont tranquillement jailli de la mer après la dernière glaciation avec leur histoire et leurs mystères à apprivoiser ? Tandis qu’elles émergeaient de l’eau, la mer, le vent, le gel et le dégel les façonnaient bien curieusement par endroits, créant ces structures géologiques qui caractérisent l’archipel et lui donnent parfois des airs de bout du monde.
Au-delà de ces rochers qui se dressent fièrement, la beauté des paysages de falaises escarpées, les tourbières, la lande, les nombreux oiseaux marins, les trois espèces de phoques peuplant l’archipel et la présence de marsouins communs, de dauphins à flancs blancs, de petits rorquals et rorquals communs, parfois à une proximité déconcertante des rives, font de cette réserve un lieu envoutant qu’il faut assurément explorer une fois dans sa vie.
Ainsi, lorsque je pense à la Côte-Nord, je conserve en moi ces quelques endroits uniques qui m’ont surprise et absolument ravie. Des endroits où j’aimerais assurément retourner. Mais il s’est aussi niché cette impression forte de devoir plus longuement revenir, convaincue qu’il y a encore énormément à approfondir, que ce soit en Basse-Côte-Nord avec ses villages, ses baies et ses anses ou encore au-delà de la rive nord de l’estuaire maritime, là où lacs et de puissantes rivières s’offrent en spectacle au cœur d’une nature majestueuse et tout aussi étonnante.
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Journaliste et grande voyageuse, Marie-Eve Blanchard est passionnée tant de l’ailleurs que du Québec, de rencontres que de culture sous toutes ses formes. Depuis dix années, elle signe régulièrement des reportages touristiques pour des magazines spécialisés et grand public et est l’autrice de plusieurs guides de voyage, dont Explorez la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, Explorez Séville et l'Andalousie, Fabuleuse Espagne méditerranéenne et Escale à Philadelphie aux Éditions Ulysse. Elle a collaboré à la rédaction de plus d'une quinzaine de beaux-livres et ouvrages spécialisés en tourisme, publié quelques récits de ses voyages et a été guide pour des agences de voyage.
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